Qu’entend-on exactement par "mixité des fonctions" ?

Avant tout, expliquons ce concept. La mixité des fonctions désigne la cohabitation, dans un même espace urbain, de différents usages : logements, commerces, bureaux, services publics, espaces naturels ou encore lieux de loisirs. Loin de cloisonner ces activités en zones distinctes (comme dans les modèles d'urbanisme du siècle dernier), ce principe favorise la proximité et limite les déplacements motorisés.

Imaginez un quartier où vous habitez à côté d’une épicerie locale, où l’école de vos enfants est à quelques minutes à pied, et où votre bureau est accessible en vélo. Ce mode de vie réduit votre empreinte carbone, mais il change aussi profondément votre quotidien : moins de stress lié aux trajets, plus de temps pour vous et vos proches, et un accès facilité à une vie sociale et culturelle.

Les bienfaits multiples de la mixité des fonctions

1. Réduction des déplacements motorisés

Dans un quartier où tout est à portée de main, la dépendance à la voiture diminue drastiquement. Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), les transports représentent près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, dont une grande part due aux trajets domicile-travail.

En intégrant des commerces, des services et des lieux d’emploi dans des zones résidentielles, il devient possible d’effectuer une majorité des déplacements à pieds, à vélo ou via les transports en commun. C’est un levier concret pour lutter contre le changement climatique, tout en désengorgeant les routes.

2. Une économie locale plus dynamique

Les quartiers mixtes donnent une place privilégiée aux petites entreprises, artisans et commerces de proximité. En effet, lorsqu’une diversité d’activités économiques cohabite avec des logements, il y a davantage de passages et donc plus de clients potentiels pour les commerçants.

À Besançon, dans le quartier des Chaprais par exemple, cette dynamique est bien visible : bars, boulangeries et épiceries profitent d’un flux constant d’habitants et de travailleurs, renforçant ainsi la vitalité économique locale.

3. Une meilleure qualité de vie pour les habitants

Vivre dans un quartier où tout est accessible à pied ou à vélo limite le stress et la fatigue liés aux trajets intensifs. La proximité des commodités permet également davantage de spontanéité. Besoin d’un café avec un voisin, d’un atelier de sport ou d’un service en urgence ? Tout est là. Ce cadre de vie, plus fonctionnel et plus apaisé, favorise aussi les interactions sociales.

À cela s’ajoute une dimension précieuse : la sécurité. Dans des rues où il y a du mouvement et de l’activité aux différentes heures de la journée, les habitants se sentent généralement plus en confiance.

4. Une urbanisation à faible empreinte écologique

La mixité des fonctions s’intègre également dans une vision écoresponsable de l’aménagement urbain. En mutualisant certains espaces (comme les parkings), en préservant des habitats naturels ou en réduisant la consommation de sols due aux grands zonages spécialisés, on limite l’artificialisation des terres.

Cette stratégie est cruciale en France, où l’on estime que l’équivalent d’un département entier est artificialisé tous les 7 à 10 ans (chiffres du ministère de la Transition écologique, 2023).

5. Des quartiers résilients et adaptatifs

Un quartier mixte est également plus résilient face aux crises, qu’elles soient économiques, sanitaires ou climatiques. La proximité des services essentiels permet de continuer à se fournir localement en cas de pénurie ou de hausse brutale des prix de l’énergie. De plus, en créant une diversité d’activités, ces espaces sont moins exposés aux fermetures massives en période de crise économique.

Limiter les dérives : les défis de la mixité des fonctions

Malgré tous ses avantages, la mise en place d’une mixité des fonctions dans un quartier n’est pas sans défi. Elle demande une planification fine et adaptée à chaque territoire. Si l’équilibre entre les usages n’est pas respecté, le risque de nuisances (bruit, saturation des espaces publics…) peut émerger.

Par ailleurs, cette vision doit inclure tous les acteurs locaux : collectivités, habitants, porteurs de projets. Une bonne concertation garantit une intégration harmonieuse des infrastructures, et évite que certains publics (comme les personnes à mobilité réduite) soient mis de côté.

Quelques exemples inspirants

De nombreux quartiers, en France et à l’international, incarnent des modèles réussis de mixité des fonctions :

  • L’écoquartier Vauban à Fribourg (Allemagne) : pionnier de l’urbanisme durable, il rassemble des logements passifs, des commerces de proximité et des infrastructures scolaires, le tout favorisant les mobilités douces et la vie communautaire.
  • Le quartier Confluence à Lyon : mêlant espaces naturels avec des habitations, bureaux et lieux culturels, il illustre comment la mixité peut rimer avec innovation architecturale et biodiversité.
  • Hammarby Sjöstad à Stockholm : cet ancien site industriel combine logements, espaces verts, bureaux et autres équipements pour un environnement urbain multifonctionnel et inclusif.

Vers des quartiers à échelle humaine

Penser la ville durablement signifie réintroduire une échelle humaine dans nos espaces urbanisés, où chaque besoin du quotidien peut être satisfait à proximité. La mixité des fonctions n’est donc pas une simple tendance, mais une condition essentielle pour une transition écologique réussie. Elle apporte une qualité de vie réelle aux habitants, tout en répondant aux enjeux environnementaux.

Alors qu’à Besançon, comme ailleurs, les quartiers évoluent et se réinventent, faisons de cette diversité fonctionnelle une priorité. Habiter, travailler, se retrouver et partager, tout cela dans un même espace. Voilà peut-être, le vrai sens du mot "vivre".

En savoir plus à ce sujet :