Les circuits courts : une définition adaptée aux chantiers

Généralement associés à l’alimentation, les circuits courts désignent une méthode de distribution où les intermédiaires entre le producteur et le consommateur sont réduits à leur strict minimum. Dans le domaine des chantiers, cela correspond donc à privilégier des matériaux, des produits ou des services issus d’un rayon géographique restreint, situé idéalement à moins de 150 kilomètres du site de construction.

L’objectif n’est pas seulement environnemental. Oui, réduire les distances parcourues par les matériaux limite les émissions de CO2. Mais il s’agit aussi de valoriser des savoir-faire locaux, de booster l’économie régionale, tout en créant des projets plus en phase avec les spécificités d’un territoire. Un mur en pierre régionale ou un bardage en bois de la forêt voisine, par exemple, racontent une histoire et renforcent l’identité d’un ouvrage.

Pourquoi opter pour les circuits courts en construction ?

Adopter les circuits courts pour vos chantiers présente de nombreux avantages, tant sur le plan écologique qu’économique et sociétal.

Une réponse aux défis environnementaux

Savez-vous que le transport représente près d’un quart des émissions mondiales de CO2 ? Et que dans la construction, une grande part de ces émissions est imputable au convoyage des matériaux ? S’approvisionner localement réduit la distance parcourue par les camions ou autres transports lourds, souvent énergivores. Par ailleurs, les ressources locales, comme les carrières de pierres ou les scieries, permettent souvent une production plus sobre en énergie, en comparaison aux matériaux manufacturés à l’autre bout du globe.

Un gain économique à long terme

Si, sur le papier, certains matériaux locaux peuvent sembler plus onéreux, leur qualité et leur durabilité en font un investissement pertinent à long terme. Une filière locale permet également de limiter les fluctuations des prix liées aux coûts logistiques globaux (hausse des carburants, tensions internationales, etc.). Enfin, faire appel à des artisans ou industries locales contribue à renforcer le tissu économique régional, générant des externalités positives pour l’ensemble de la communauté.

Créer du sens et de l’ancrage territorial

Utiliser des matériaux locaux, c’est aussi rendre hommage aux ressources et aux savoir-faire d’une région. Imaginez un bâtiment utilisant des pierres calcaires de Bourgogne, du bois issu des forêts franc-comtoises ou de la terre crue pétrie sur place : non seulement l’impact écologique du projet est limité, mais l’ouvrage devient aussi un véritable ambassadeur de son territoire.

Comment organiser un chantier en circuits courts ?

Passer des idées aux actes nécessite planification et structuration. Voici quelques pistes concrètes pour mettre en place un approvisionnement en circuits courts sur vos projets.

1. Identifier et cartographier les ressources locales

  • Renseignez-vous sur les matériaux disponibles à proximité : existe-t-il des scieries, des carrières de pierre, des producteurs de briques en terre crue ?
  • Appuyez-vous sur les Chambres de commerce et d’industrie (CCI), qui disposent souvent d’annuaires recensant les entreprises locales.
  • Les plateformes collaboratives comme Réseau Grand Est ou des initiatives associatives locales peuvent aussi être d’une grande aide.

2. Encourager les groupements et les filières locales

Les circuits courts en construction ne sont pas toujours synonymes de petites échelles. Des groupements de producteurs ou d’artisans peuvent mutualiser leurs offres pour répondre aux grandes commandes. Par exemple, dans certaines régions, des scieries familiales se sont regroupées pour fournir de manière régulière du bois de qualité à des constructeurs bois. Il est souvent intéressant de s’adresser directement à ces regroupements ou coopératives.

3. Adapter les appels d’offres publics

Les collectivités locales ont un rôle primordial à jouer dans l’encouragement des circuits courts. Les appels d’offres peuvent intégrer des critères favorisant l’utilisation de matériaux locaux. Par exemple, en France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (dite loi AGEC) de 2020 encourage les projets à privilégier la réutilisation, le recyclage et les ressources de proximité.

4. Miser sur la réutilisation et le réemploi

S’approvisionner localement passe aussi par une meilleure gestion des déchets de chantier. Pourquoi ne pas envisager une déconstruction sélective afin de récupérer des matières premières ? Une tuile récupérée, une pierre démantelée, ou un portail restauré sont autant d’éléments réduisant le besoin d’importer de nouveaux matériaux.

5. Travailler main dans la main avec des artisans locaux

Des artisans et entreprises spécialisées dans les chantiers écologiques sont souvent les meilleurs alliés pour intégrer des matériaux locaux au cahier des charges. Leur connaissance du terrain, des spécificités géographiques ou encore des techniques traditionnelles garantit un travail de qualité, en accord avec l’environnement et le projet.

Quelques exemples inspirants

Certains chantiers ont déjà montré la voie en matière de circuits courts. En voici quelques exemples qui méritent d’être mis en lumière :

  • La construction des maisons en bois français : Dans les régions comme les Vosges ou le Jura, des entreprises locales misent sur les ressources forestières voisines pour concevoir des maisons durables.
  • Le musée de la Romanité à Nîmes : Cet édifice a été conçu en intégrant des pierres locales, issues de carrières proches du site.
  • Les éco-hameaux ruraux : Dans le Limousin, plusieurs projets d’éco-hameaux privilégient l’utilisation des ressources locales, comme la terre et le chanvre.

Imaginer un futur de chantiers locaux et durables

À travers cet enjeu des circuits courts, c’est une profonde réévaluation de nos pratiques constructives qui se dessine. Le chemin n’est pas sans embûches : sourcing des matériaux, logistique parfois complexe, ou encore besoin de former davantage de professionnels sensibles à ces questions. Mais chaque effort, chaque pierre locale posée, chaque arbre épargné contribue à inscrire nos projets dans un modèle plus résilient et plus respectueux de nos territoires.

Alors, que vous soyez entrepreneur, artisan ou futur bâtisseur de votre propre maison, n’oubliez pas que chaque choix compte. Reconnectons nos projets à leur environnement immédiat, et faisons de ces chantiers des moteurs d’un avenir plus harmonieux et local.

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