Le bois dans la construction : un retour qui s’accélère

Depuis quelques années, on observe en France un véritable retour du bois dans le secteur du bâtiment. Selon le panorama 2023 de la construction bois publié par l’Observatoire National de la Construction Bois (ONCB), près de 11,6% des logements individuels neufs intégraient le bois comme structure principale en 2022, une croissance constante depuis 2015. Pour les logements collectifs, le taux reste inférieur (autour de 5,4%) mais la tendance est en nette croissance, portée par des innovations et un cadre règlementaire plus incitatif (notamment la RE2020, qui valorise les matériaux biosourcés).

Avantage n°1 : Un allié pour le climat – le stockage du carbone

La force la plus marquante du bois ? Sa relation intime avec le carbone. Lorsqu’un arbre pousse, il absorbe du CO atmosphérique, le stocke dans sa biomasse. Utilisé en structure ou en habillage, le bois capte ainsi durablement ce carbone, au lieu de le relâcher comme lors de sa décompositionou de sa combustion.

  • Un mètre cube de bois mis en œuvre dans un bâtiment, c’est environ 1 tonne de CO captée et retirée de l’atmosphère (ADEME).
  • A l’échelle d’un immeuble en ossature bois (R+4, environ 1 200 m²), c’est l’équivalent de plus de 500 tonnes de CO stockées selon France Bois Forêt.
  • Cette performance dépasse nettement celle du béton armé ou de l’acier, très énergivores lors de leur production (le secteur du bâtiment est responsable, en France, de près de 23% des émissions nationales de gaz à effet de serre – source : Ministère de la Transition écologique, 2022).

Avantage n°2 : Une filière locale qui dynamise l’économie

Dans le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté et jusqu’aux forêts comtoises, la filière bois est un pilier. Selon le Conseil National du Développement du Bois, 440 000 emplois directs et indirects sont liés à la filière forêt-bois en France. À l’échelle d’un quartier comme les Vaites, choisir le bois, c’est aussi soutenir des scieries locales et des artisans, de la gestion forestière à la pose sur chantier.

  • 80% du bois de construction employé en France est d’origine hexagonale (source : France Bois Forêt).
  • L’utilisation de bois local réduit les émissions liées au transport, d’autant plus crucial qu’on vise, dans des quartiers en transition, à relocaliser les ressources et compétences.

En encourageant l’emploi local, les chantiers bois font vivre un écosystème qui irrigue la formation, le tourisme (par la valorisation de paysages sylvicoles), et bien sûr le tissu artisanal.

Avantage n°3 : Performances thermiques et conforts ressentis

Vivre dans un habitat en bois, c’est expérimenter une chaleur douce, une sensation d’enveloppement naturel. Sur le plan technique, le bois est un champion de l’isolation :

  • Sa conductivité thermique est très faible (environ 0,13 W/m.K pour le sapin-épicéa), largement inférieure à celle du béton (autour de 1,75 W/m.K selon CSTB).
  • Les mur ossature bois modernes atteignent aisément les standards BBC ou Passivhaus grâce à la combinaison d’isolants biosourcés et de membranes étanches.
  • Le bois « respire » : il régule naturellement l’humidité, ce qui permet de limiter les sensations d’inconfort (air trop sec l’hiver, trop humide en été).

Il en résulte :

  • Moins de déperditions d’énergie (et donc de besoins en chauffage ou en climatisation).
  • Des économies potentiellement supérieures à 15% sur la facture énergétique selon l’ADEME, en comparaison avec une maison maçonnée standard.

Avantage n°4 : Un matériau durable et renouvelable

Certains mythes entourent encore le bois, notamment sur sa fragilité ou sa pérennité. Pourtant, avec des essences bien choisies (mélèze, douglas, chêne, robinier…) et des techniques éprouvées (capillarité ascendante contrôlée, « lame d’air » derrière les bardages), le bois rivalise avec les matériaux minéraux :

  • Des charpentes ont plus de 500 ans dans certains villages francs-comtois, toujours solides.
  • Les bâtiments contemporains profitent des traitements naturels (huiles végétales, chauffes thermiques) pour renforcer la durabilité sans recours aux produits pétroliers.
  • Le bois est la seule ressource de construction qui se régénère sur une courte échelle de temps (moins de 50 ans pour un douglas exploité de façon responsable).

Avantage n°5 : Santé et bien-être, un effet mesurable

Vivre ou travailler dans un environnement où le bois est exposé (planchers, murs intérieurs, mobilier) aurait des impacts mesurables sur la santé. Plusieurs études, notamment menées en Autriche ou au Canada (Naturallywood), démontrent que la présence du bois diminue le stress (baisse du rythme cardiaque et du taux de cortisol), améliore la concentration et modère la sensation de fatigue.

  • Le bois a un pouvoir hygroscopique : il régule l’humidité, limitant la croissance de moisissures et d’acariens, facteurs aggravants de l’asthme ou des allergies.
  • D’après des recherches finlandaises, l’air intérieur des bâtiments bois est souvent mieux ventilé et moins affecté par les COV (composés organiques volatils), notamment lorsqu’on privilégie des finitions naturelles (Wood for Good).

Avantage n°6 : Des chantiers plus propres, plus rapides, plus secs

Construire en bois, c’est souvent réduire radicalement la durée et l’impact d’un chantier. Les éléments (murs, planchers, toitures) sont régulièrement préfabriqués en atelier, puis montés en quelques jours sur site :

  • Moins de déchets in situ (diminution de 40% sur certains chantiers observés par la Fédération Française du Bâtiment).
  • Moins de nuisances pour le voisinage (moins de bruit, de poussières, de boues liées aux bétons).
  • Une mise hors d’eau rapide : le bâtiment est mis à l’abri des intempéries en un temps record, limitant les risques pour la structure et les ouvriers.

Ce mode opératoire est particulièrement adapté aux projets urbains denses, où la cohabitation avec l’existant impose de limiter les dérangements.

Avantage n°7 : Un esthétisme vivant et une architecture modulable

La dimension sensible du bois est sans doute la plus difficile à quantifier, mais elle s’impose à l’œil et au toucher. Le bois évolue avec le temps, sa couleur se patine, il raconte une histoire. Architectures contemporaines ou traditionnelles, le bois sait s’adapter : structure apparente dans des immeubles passifs collectifs, ou bardage vertical pour rompre la monotonie urbaine.

  • Le bois permet des formes plus libres (poutres cintrées, murs courbes), difficilement accessibles avec le béton armé.
  • La possibilité de démonter, déplacer, ou réemployer facilement des éléments boisés favorise l’économie circulaire du bâtiment (approche « Cradle to Cradle »).

Quelques limites et défis à surmonter

Le bois n’est pas exempt de défis : gestion forestière durable (éviter les coupes à blanc, préférer les forêts certifiées PEFC ou FSC), lutte contre la banalisation des essences (la diversité, clé de résilience), prévention incendie (emplois de protections passives), ou encore rareté ponctuelle de certaines ressources.

  • En 2021, une « crise du bois » mondiale a entraîné la hausse de 60% du prix des sciages (source : Le Monde, 2021), accentuant la tension sur les filières.
  • La construction bois nécessite aussi une montée en compétences des artisans, ainsi qu’un dialogue étroit avec les architectes pour assurer sécurité, confort d’usage et durabilité.

Et dans les Vaites et alentours ?

À Besançon comme dans d’autres territoires en transition, le bois offre de saisir une occasion : celle de bâtir autrement, avec et pour le vivant, tout en s’inscrivant dans une filière au bénéfice collectif. Choisir le bois dans les bâtiments écologiques, c’est faire entrer la forêt dans la ville, la mémoire du paysage dans le bâti.

Le bois questionne notre rapport au temps : il impose de ralentir, de regarder ce que nous léguons aux générations futures. S’il ne résout pas tout, il forme une passerelle entre la nature et l’urbain, entre savoirs anciens et architecture innovante. Et si demain, le bois devenait le lien discret mais solide entre tous ceux qui rêvent d’une ville plus respirable, porteuse de sens et enracinée dans son territoire ?

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