Du bois pour (re)penser la maison

L’ossature bois désigne un mode de construction où l’ossature – le « squelette » du bâtiment – est constituée de montants et traverses en bois, régulièrement espacés, sur lesquels viennent s’appuyer les murs, planchers et toitures. Ce principe, hérité de traditions multiséculaires, s’inscrit aujourd’hui comme une réponse contemporaine à la question : « De quoi voulons-nous bâtir nos quartiers de demain ? ».

  • Dans le neuf, plus d’une maison individuelle sur dix construites en France adopte une structure bois (Observatoire national de la construction bois, 2022).
  • Du côté des bâtiments publics, le bois équipe écoles, gymnases, bureaux, logements collectifs, et se fraie même une place dans des ouvrages d’art comme les passerelles et ponts urbains.

Ce retour en grâce ne doit rien au hasard. Le choix du bois déplace notre rapport à l’environnement, à l’énergie, et peut-être même à l’architecture en elle-même.

La maison bois, une alliée de la transition écologique

Empreinte carbone : un matériau qui capte le CO₂

Quand on évoque la construction durable, on pense spontanément à la performance énergétique d’un logement. Mais tout commence bien avant que la première ampoule ne s’allume : le plus gros impact d’un nouveau bâtiment, c’est bien souvent sa construction même. Les matériaux traditionnels comme le béton ou l’acier “coûtent cher” en émissions de CO₂, du fait de leur production énergivore.

  • Selon l’ADEME, le secteur du bâtiment représente près de 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France, dont une part importante liée à la production des matériaux (ADEME).
  • Le bois, lui, agit comme un puits. 1 m de bois stocke 1 tonne de CO₂, qui y reste tant que la construction est en usage (Source : Fibois France).
  • Construire une maison à ossature bois permet de réduire l’empreinte carbone de 30 à 50 % par rapport à une maison classique en béton (Source : Observatoire construction bois, 2022).

Et dans la région Bourgogne-Franche-Comté, première région forestière de France avec plus d’un tiers de son territoire couvert de forêts, cette ressource libère tout son potentiel : circuits courts, gestion forestière certifiée (PEFC, FSC), valorisation locale du matériau.

Bois local et filières engagées

Parfois, derrière une maison bois, ce sont aussi des scieries familiales, des entreprises locales, tout un maillage d’acteurs engagés dans la valorisation du patrimoine forestier. Le label “Bois des Territoires du Massif Central” ou “Bois de France” garantie cette traçabilité.

  • En 2022, 72 % des essences utilisées en construction viennent des forêts françaises (Fibois).
  • La Franche-Comté, par exemple, fournit épicéa, douglas, mélèze, essence “locales” par excellence.

Isolation et confort : des performances naturelles

Un habitat où l’on respire

Le bois possède de remarquables propriétés isolantes. Pour un même niveau de performance, une paroi en bois est 12 fois plus isolante qu’un mur de béton de même épaisseur (Fédération Française du Bâtiment).

  • Des murs en ossature bois (associés à une isolation performante) simplifient l’atteinte des standards de basse consommation (BBC, RE2020…)
  • Ils régulent naturellement l’humidité, limitent la condensation et créent une atmosphère saine, jamais étouffante.

Une étude du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) montre que des occupants de logements bois déclarent un meilleur “confort sensoriel” : température stable, absence de “froid pénétrant”, sentiment d’enveloppement rassurant – des qualités particulièrement précieuses dans les régions à l’hiver marqué, comme autour de Besançon.

Rapidité, flexibilité : la maison bois se plie à vos envies

C’est un argument souvent méconnu : la préfabrication en atelier des murs, planchers et toits en bois réduit considérablement le temps de chantier. En moyenne, une maison à ossature bois se construit deux fois plus vite qu’une maison traditionnelle (Batiactu).

  • Moins de nuisances sur site : un atout indéniable pour les quartiers déjà denses.
  • Souplesse d’agencement : l’ossature bois autorise toutes les audaces architecturales : ouvertures larges, extensions, surélévations.
  • Réduire la durée totale des travaux limite le dérangement pour le voisinage, et diminue aussi le risque de retards, souvent coûteux pour les porteurs de projets.

Dans la région, ce système s’est vu prisé tant dans l’autoconstruction de petites unités que dans de grands ensembles : les habitants profitent d’espaces ajustés à leurs besoins, facilement évolutifs.

Écologie urbaine : le bois au service d’un lien à la nature

Reconnecter le quartier à son environnement

Le bois n'est pas qu'un matériau technique : c’est aussi un vecteur affectif. Sa chaleur, son odeur, ses couleurs varient avec la lumière et au fil des saisons. Dans le bâti, il insuffle une ambiance, proche de la nature, qui transforme le vécu quotidien. Et lorsqu’il marque la silhouette d’un nouveau quartier, il affirme une identité écologique, au-delà du simple affichage.

  • L’intégration de maisons bois dans les quartiers parie sur la continuité écologique : elles se fondent dans le paysage, favorisent la présence de la biodiversité (nichoirs, espaces verts attenants, jardins partagés connectés au bâti).
  • Des collectivités des Vosges à la métropole de Lyon, les écoquartiers à dominante bois favorisent la résilience climatique : moindres îlots de chaleur, meilleure perméabilité des sols (grâce, indirectement, à moins d’artificialisation lourde durant les travaux).

Un matériau qui vieillit avec grâce

Certains craignent que le bois ne “tienne pas la route”. Pourtant, la durée de vie des constructions à ossature bois rivalise – et souvent surpasse – celle des constructions conventionnelles, lorsqu’elles sont entretenues avec soin. En Scandinavie ou dans le Tyrol, où les maisons centenaires en bois sont la norme, il n’est pas rare de voir des bâtis franchir les siècles.

  • Une maison à ossature bois bien conçue peut dépasser 100 ans sans difficulté (Source : CSTB).
  • Le bois se patine, évolue, raconte l’histoire du lieu : loin de se déprécier, il gagne en présence.

Enjeux économiques et enjeux sociaux

Opter pour l’ossature bois, ce n’est pas seulement choisir un “beau matériau”. C’est soutenir une économie territoriale.

  • 3 à 4 emplois créés pour chaque tranche de 100 m bois mis en œuvre (Source : Interprofession forêt-bois France).
  • Une filière peu délocalisable, qui fait vivre scieries, transporteurs, artisans, architectes locaux.
  • Possibilité de projets participatifs, avec habitants impliqués dès la conception – exemple du quartier Vauban à Fribourg (Allemagne) ou du projet “Habitat Participatif” à Dijon.

Côté budget, le coût d’une maison à ossature bois varie selon les finitions choisies. Si les prix au m² restent proches du conventionnel (entre 1 500 et 2 500 €/m², Source : UFC-Que Choisir), le différentiel se joue sur la performance thermique (économies d’énergie immédiates), la rapidité de chantier (moins d’intérêts intercalaires ou de loyers doubles…), et sur la revalorisation potentielle lors de la revente, l’habitat “bois” étant perçu comme particulièrement attractif sur le marché durable.

Bois et réglementation : point sur la sécurité, les normes et le feu

La législation française a longtemps imposé à la construction bois des normes de sécurité plus exigeantes que d’autres matériaux. Mais la réalité technique déjoue les idées reçues.

  • Le bois, grâce à sa combustion lente et prévisible, subit en cas d’incendie une carbonisation qui protège la structure intérieure (CSTB).
  • Les bâtiments bois sont désormais autorisés jusqu’à 28 mètres de hauteur (et bien davantage en expérimentation), contre 8 mètres il y a seulement quelques années (Arrêté du 18 décembre 2014).
  • Les professionnels doivent justifier des certifications (DTU 31.2, marquage CE des produits utilisés).

En quelques années, la construction bois a franchi un saut réglementaire majeur, permettant à de nombreux projets d’écoquartiers, y compris en zones denses, de voir le jour.

Des expériences ancrées dans les territoires

Difficile d’évoquer la maison bois sans rendre hommage à ceux qui vivent et bâtissent ce changement. Dans la périphérie de Besançon, plusieurs familles, inspirées par une volonté de sobriété, se sont tournées vers l’autoconstruction bois, appuyées par des entreprises locales permettant de réaliser des habitats sur-mesure, adaptés au climat local.

  • Dans l’écoquartier “Les Vaîtes”, la majorité des logements individuels et groupés misent sur le bois pour leurs murs, leurs balcons ou leurs bardages. Le retour des habitants : un confort maximal… et, souvent, la fierté d’habiter une maison qui a “une histoire” à raconter.
  • Citons aussi les projets participatifs qui voient le jour, où plusieurs foyers mutualisent compétences et moyens pour construire collectivement leurs habitats en bois, tout en revitalisant le tissu social du quartier.

Les défis à relever et les perspectives

Si la maison à ossature bois coche aujourd’hui presque toutes les cases du projet durable, quelques défis demeurent :

  • La montée en compétences des artisans et entreprises, pour répondre à une demande croissante.
  • L’enjeu du coût de la matière première, qui peut grimper, surtout lors de tensions sur le marché international – d’où la nécessité de valoriser le bois local et les circuits courts.
  • Le développement d’initiatives pour revaloriser les essences feuillues (chêne, hêtre…), souvent sous-exploitées en construction par rapport aux résineux.
  • L’adaptation plus systématique des quartiers existants : extensions bois sur bâtis anciens, surélévations, etc.

À Besançon comme ailleurs, il ne s’agit pas de construire plus, mais de construire mieux, en prenant racine dans un territoire déjà vivant. L’ossature bois ne fait pas que répondre aux exigences de la réglementation : elle ouvre une voie pour habiter le paysage, en douceur, avec l’attention portée aux ressources, aux hommes, et à la mémoire du lieu.

Pour celles et ceux qui arpentent les nouveaux quartiers ou qui rêvent d’un cocon sain et adapté à demain, la maison à ossature bois raconte une histoire faite de forêts, de gestes simples et de liens renoués entre la ville et le vivant. Un pas écologique vrai, jamais anecdotique.

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